Voici une analyse approfondie des moyens d’intégrer la circularité dans les processus industriels afin de mieux gérer les ressources, améliorer les taux de recyclage et adopter des pratiques plus responsables. Il présente les principes associés à la circularité, aborde les obstacles techniques et organisationnels, fournit des pistes d’action concrètes, illustre par des exemples réels et met à disposition des outils utiles pour favoriser l’évolution vers une production mieux adaptée aux enjeux environnementaux contemporains.
Comprendre la circularité
La circularité dans les pratiques industrielles correspond à une approche globale qui vise à s’éloigner du modèle classique « extraire-produire-consommer-jeter ». Elle s’appuie sur un fonctionnement dans lequel les matières premières et les produits sont conçus en tenant compte de leur réutilisation, maintenance, transformation ou recyclage tout au long de leur vie. Cette logique, issue de l’économie circulaire, repose sur plusieurs principes comme l’écoconception, la réparabilité, la maintenance planifiée et une attention particulière portée à la durée de vie des objets fabriqués.
On peut identifier plusieurs axes d’action concrets :
- Adopter dès la conception des choix visant à limiter les déchets.
- Encourager la remise en usage des matières et équipements en fin d’utilisation.
- Rendre plus efficace la traçabilité des matériaux dans la chaîne de valeur.
- Utiliser des matériaux déjà recyclés lorsque cela s’avère pertinent.
- Tirer profit des résidus ou éléments inutilisés via leur transformation ou leur usage énergétique.
L’application de ces principes contribue non seulement à réduire l’impact environnemental, mais aussi à renforcer une certaine adaptabilité des chaînes d’approvisionnement face aux contraintes actuelles comme la raréfaction des ressources et les pressions réglementaires.
Défis et solutions pour intégrer la circularité
L’évolution vers des systèmes industriels intégrant la circularité représente un vrai changement qui rencontre plusieurs obstacles. Parmi ceux-ci :
- La complexité à ajuster les circuits internes pour limiter les mouvements superflus et donc éviter certaines pertes énergétiques ou matérielles.
- La mobilisation de ressources non négligeables pour adapter les outils, former les salariés et optimiser la gestion des données.
- La difficulté à faire évoluer les pratiques habituelles, souvent bien établies et auxquelles les équipes sont attachées.
Des pistes opérationnelles peuvent toutefois guider la mise en œuvre :
- Mettre en place des cellules de production en « U », ce qui peut favoriser une meilleure organisation dans la manipulation des matières entre les étapes.
- Associer un opérateur à l’approvisionnement des zones de travail (méthode « waterspider »), garantissant un réassort constant des composants et une réduction des arrêts liés à des ruptures.
- S’engager dans le déploiement programmé de processus de remanufacturing et de reconditionnement pour prolonger l’usage des composants techniques.
- Soutenir les activités autour des produits en fin d’usage en développant des plateformes logistiques dédiées à leur collecte, tri et traitement.
- Employer des solutions d’analyse de cycle de vie (ACV) pour repérer les points qui méritent une amélioration dans la globalité des processus.
Témoignage : L’entreprise Michelin illustre cette transition avec la structuration de ses flux de remanufacturing. En mettant en place des centres de reconditionnement dédiés et en intégrant des critères de circularité dans ses démarches de développement, elle a réussi à améliorer l’intégration de matériaux recyclés tout en renforçant le suivi de sa chaîne d’approvisionnement. Cette transition a contribué à réduire l’empreinte environnementale de l’entreprise tout en améliorant sa compétitivité industrielle.
Impacts environnementaux et bénéfices
Les pratiques industrielles conventionnelles sont liées à une consommation intense de ressources et à la génération d’une part importante d’émissions de gaz à effet de serre. Introduire des principes circulaires dans l’organisation industrielle peut contribuer à modérer ces impacts, à travers :
- Une pression moindre sur les matières premières nouvelles.
- Une diminution de la quantité de déchets envoyés à l’élimination finale.
- Une baisse des distances parcourues pour le transport grâce à une chaîne d’approvisionnement pensée en fonction de circuits plus courts.
- Une gestion plus efficiente de l’énergie pour toutes les étapes du cycle de fabrication.
Des retours d’expérience issus d’industries ayant adopté ces approches indiquent qu’il est possible, dans certaines situations, de réduire de 30 à 50 % les émissions de dioxyde de carbone. Par ailleurs, les coûts liés à l’achat de matières premières ou à l’évacuation des déchets peuvent diminuer de manière sensible. Cette approche, en plus de ses effets environnementaux, est souvent perçue favorablement par les partenaires externes et les consommateurs.
Stratégies de réduction et valorisation des déchets
Divers plans d’action peuvent être envisagés pour limiter la production de déchets et redonner de la valeur à ceux qui existent déjà dans les circuits industriels. Leur efficacité dépend du type de secteur et de la nature des matériaux concernés.
Stratégie | Description | Efficacité |
---|---|---|
Réduction à la source | Limiter la production de déchets dès la phase de conception ou lors du choix des matériaux. | Élevée |
Réutilisation | Réintroduire les composants ou produits sans modifications majeures dans les flux de travail. | Moyenne |
Recyclage | Convertir les déchets en matières premières ou objets nouveaux grâce à des procédés adaptés. | Élevée |
Valorisation énergétique | Employer les déchets non recyclables pour produire de l’énergie (combustion contrôlée, méthanisation). | Moyenne |
L’articulation de ces mesures permet de rendre plus efficiente l’utilisation des ressources dans leur ensemble, tout en limitant les pertes qui étaient autrefois considérées comme inévitables.
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Défis opérationnels et surmonter les obstacles
Faire évoluer son modèle vers une organisation plus circulaire suppose une mobilisation concrète des équipes responsables de l’environnement et de la production. Parmi les points à prendre en compte :
- Des investissements techniques et humains à planifier en amont, incluant nouvelles technologies ou enrichissement des connaissances internes.
- Le besoin de mettre à jour les dispositifs de suivi pour mesurer la part des matières recyclées intégrées dans chaque étape.
- La nécessité d’engager une réflexion sur les freins internes et d’accompagner les équipes dans cette transformation progressive.
Des initiatives peuvent soutenir cette dynamique :
- Former des collaborations entre entreprises sur un territoire donné pour échanger des savoir-faire ou valoriser des flux secondaires communs.
- Faire appel aux expériences déjà consolidées dans d’autres filières pour éviter de reproduire certaines erreurs de déploiement.
- Introduire des outils de mesure adaptés pour suivre les progrès réalisés et adapter les pratiques selon les retours terrain.
- Encourager les démarches collaboratives et la recherche de solutions innovantes dans chaque atelier ou unité productive.
À plus long terme, les réorganisations entraînées par l’approche circulaire peuvent contribuer à réduire sensiblement les coûts associés à la gestion des ressources, à sécuriser les approvisionnements et à construire des offres qui trouvent un écho favorable auprès des marchés attachés à l’impact environnemental.
La circularité correspond à la manière dont les processus industriels sont pensés pour limiter la création de déchets, prolonger l’usage des matériaux et garantir un usage plus réfléchi des matières premières tout au long du cycle de vie.
Il s’agit davantage d’un ensemble de contraintes que d’un seul grand obstacle : efforts de formation, adaptation des outils, résistance au changement et collecte rigoureuse des données font partie des éléments à gérer.
L’approche circulaire favorise une consommation plus sobre des ressources, une réduction des émissions polluantes, une baisse des volumes de déchets et permet d’augmenter les rendements mécaniques et énergétiques dans l’ensemble du cycle industriel.
L’intégration de la circularité dans les flux de production représente une orientation structurante pour les entreprises souhaitant s’adapter aux nouvelles réalités environnementales. En combinant une conception adaptée, une meilleure organisation logistique, une valorisation systématique des matériaux et l’analyse du cycle de vie, ce modèle propose une réponse crédible pour construire des processus plus responsables. Au-delà de l’environnement, il permet des gains opérationnels réels. L’exemple de Michelin témoigne du potentiel de telles démarches, tout comme les stratégies de remanufacturing ou de recyclage intégré. La réussite repose sur la mobilisation des équipes, sur l’outillage opérationnel et sur une démarche de coopération étendue.
Sources de l’article
- https://institut-economie-circulaire.fr/wp-content/uploads/2021/10/pivoter-vers-lindustrie-circulaire_INEC_OPEO.pdf
- https://www.actu-environnement.com/ae/news/guide-supply-chain-circulaire-45401.php4
- https://www.ecologie.gouv.fr/politiques-publiques/leconomie-circulaire